Pourquoi privilégier les montres non suisses ?
Si vous demandez à une personne lambda, étrangère au monde de l'horlogerie, où sont fabriquées les meilleures montres du monde, il y a fort à parier qu'elle vous répondra : « En Suisse, évidemment ! ». Cette affirmation n'est pas dénuée de fondement, compte tenu de l'histoire horlogère. Mais est-ce toujours le cas aujourd'hui ? Voyons voir !
Pourquoi la Suisse est-elle si étroitement associée à l'horlogerie ?
Excellente question ! Croyez-le ou non, cela remonte aux XVIe et XVIIe siècles . L'histoire de l'horlogerie suisse est en effet intimement liée aux Huguenots et aux guerres de religion, qui ont contraint de nombreux horlogers qualifiés, souvent protestants, à se réfugier en Suisse. Ces protestants européens, originaires de France et d'Italie, étaient à l'origine orfèvres et argentiers et avaient développé une grande dextérité, leur permettant de travailler des matériaux précieux. En tant que protestants, ils n'avaient pas la même réticence que les catholiques à travailler et à tirer profit de ces matériaux fins et précieux, alors réservés presque exclusivement au clergé, à la royauté et à l'aristocratie.
L'Édit de Nantes, promulgué par le roi Henri IV de France le 13 avril 1598, est un édit majeur. Il joua un rôle déterminant dans l'histoire religieuse et politique de la France à la fin du XVIe siècle. Cet édit, considéré comme l'un des premiers textes officiels relatifs aux droits de l'homme, visait à promouvoir la tolérance religieuse et à mettre fin aux conflits de religion qui avaient ravagé la France durant les guerres de Religion (1562-1598). Ses principales dispositions étaient les suivantes :
1. Liberté religieuse : Elle garantissait la liberté religieuse et les droits civiques aux huguenots protestants. Cela leur permettait de pratiquer leur foi ouvertement et sans crainte de persécution.
2. Sécurité : L'édit garantissait la sécurité et la protection des Huguenots, leur permettant de conserver leurs propres villes fortifiées et leurs armées pour leur autodéfense.
3. Droits politiques : Les huguenots se virent accorder le droit d’occuper des fonctions publiques et de participer aux institutions juridiques et administratives du pays.
4. Tolérance religieuse : Bien que le catholicisme soit resté la religion d’État de la France, l’édit de Nantes reconnaissait et tolérait officiellement le protestantisme.
L'édit de Nantes a marqué un tournant dans l'histoire de la liberté religieuse, constituant l'un des premiers exemples en Europe où un souverain a officiellement reconnu la coexistence de deux traditions religieuses différentes au sein d'un même pays. Il a mis un terme temporaire aux conflits religieux en France et a contribué à une période de paix et de stabilité relatives . Cependant, les tensions religieuses en France ont persisté, et l'édit a finalement été révoqué par le roi Louis XIV en 1685 avec l'édit de Fontainebleau. Cette révocation a entraîné la persécution et l'exode massif des huguenots de France, ce qui a eu des conséquences durables sur le paysage démographique, économique et culturel du pays. À la même époque, les arts et les sciences horlogères se sont développés principalement au sein de la population la mieux placée pour acquérir les compétences requises. Avec la révocation de l'édit de Nantes, un grand nombre de ces artisans qualifiés ont émigré en Suisse où ils se sont établis et où ils résident encore aujourd'hui.
La crise du quartz
À la fin des années 1960, le mouvement à quartz a été inventé en Suisse. La précision d'un mouvement de montre est directement liée à la fréquence de son régulateur. Alors qu'un mouvement mécanique repose sur le ressort du balancier, le mouvement à quartz utilise une infime impulsion électrique qui, appliquée au cristal de quartz, le fait vibrer à une fréquence spécifique et extrêmement stable. Un mouvement mécanique, selon les matériaux utilisés, sa construction et d'autres éléments, produit une vibration comprise entre 2,5 et 10 Hz. Cela représente entre 9 000 et 36 000 vibrations par heure (vph). Impressionnant ! Un cristal de quartz, quant à lui, vibre à une fréquence vertigineuse de 36 768 Hz, soit plus de 132 millions de vph, ce qui rend une montre à quartz plus de 10 000 fois plus précise qu'une montre mécanique.
Jusqu'alors, toute l'industrie horlogère suisse avait bâti sa communication et son marketing autour de la précision. Les montres suisses étaient en effet reconnues mondialement comme les plus précises du marché, et cette supériorité technologique justifiait un prix élevé. Avec l'invention du mouvement à quartz, et alors que nous vivions une ère de progrès technologiques fulgurants, les fabricants japonais et chinois ont rapidement développé des mouvements à quartz très abordables et d'une grande précision, anéantissant ainsi l'argument de vente utilisé depuis des siècles par les horlogers suisses. La période qui suivit, durant les années 1970 et 1980, fut sans conteste l'une des plus sombres de l'histoire de l'horlogerie suisse.
Le renouveau de l'industrie horlogère, à partir du milieu des années 1990, a commencé lorsque les horlogers suisses ont commencé à déplacer le débat de la précision vers la tradition et le savoir-faire : une montre de fabrication suisse est supérieure à toute autre car les marques suisses développent depuis des siècles les compétences et les techniques en matière de finition et de décoration, transmettant la tradition de ces compétences de génération en génération.
Aujourd'hui, le label « Swiss Made » peut parfois induire en erreur, car le consommateur suppose que la montre est entièrement fabriquée en Suisse. C'est bien sûr le cas des marques de très haut de gamme qui pratiquent des prix très élevés, mais c'est de moins en moins vrai pour les montres plus abordables qui importent plusieurs composants de pays où le coût de la main-d'œuvre et de la fabrication est nettement inférieur. L'assemblage final reste bien entendu réalisé en Suisse. Il n'y a évidemment rien de mal à cette approche, et le but de cette information est simplement d'informer et de remettre les choses en perspective.
Les marques non suisses
Hormis les marques non suisses au riche héritage historique, telles que A. Lange & Söhne (Allemagne) ou Gronefeld (Pays-Bas), véritables maisons horlogères réputées pour leurs finitions exceptionnelles réalisées à la main, il existe une multitude d'excellentes marques horlogères offrant un rapport qualité-prix imbattable. Ces dix dernières années ont toutefois vu l'émergence et le développement de micro-marques aux finitions superbes et au design brillant, proposant des produits fantastiques à des prix très compétitifs. Parmi elles, on peut citer Kurono Tokyo (utilisant principalement des mouvements japonais Miyota) et Grand Seiko (utilisant des mouvements Seiko). Magana ambitionne de rejoindre ce cercle relativement récent de micro-marques proposant des montres d'une qualité exceptionnelle, dotées de mouvements mécaniques d'une grande fiabilité, à un prix compétitif.